La Vierge à l'enfant avec l'agneau est un tableau initialement attribué à Léonard de Vinci qui depuis a été réattribué à Fernando de los Llanos. Ce peintre d'origine espagnole était élève de Léonard à Florence, probablement autour de 1500-1506. On sait qu'ils ont collaboré à la réalisation de la fresque de La Bataille d'Anghiari, pour le Palazzo Vecchio de Florence vers 1505.
Dans son schéma de composition, le tableau reprend des dessins préparatoires réalisés par Léonard pour une Madone au chat. Une radiographie de ce tableau a révélé que l’artiste avait commencé par peindre un chat, ensuite remplacé par un agneau, symbole de la Passion du Christ.
Vierge à l'enfant avec l'agneau - Fernando Llanos (Source Wikipedia)
L'Étude pour la Madone au chat est un ensemble de deux dessins de Léonard de Vinci, réalisés vers 1480, figurant au recto et au verso d’une feuille de papier actuellement conservée au British Museum de Londres.
La Vierge et l’Enfant sont étroitement enfermés dans un arc et, au recto, une fenêtre est dessinée en haut à droite, à côté de la tête de Marie. Ce choix de composition fait penser à la Madone Benois, peinte vers la fin des années 1470 (vraisemblablement peu de temps avant ces dessins). Les deux compositions sont dominées par la forte diagonale établie par la position des têtes des protagonistes. L’interaction entre l’enfant et l’animal se caractérise par l’impression que le chat donne de vouloir échapper à l’étreinte étouffante du Christ. En effet les chats symbolisant le diable dans les tableaux de l'époque, la métaphore est facile à comprendre.
La Madone Benois a probablement été le premier travail exécuté par Léonard comme peintre indépendant de son maître Andrea del Verrocchio. Il aurait été peint entre 1478 et 1482 à Florence. Il n'y a pas de chat dessiné sur ce tableau mais on trouve de nombreux dessins cachés d'animaux (voir la page Etude "Madone Benois").
On trouve dans les dessins préparatoires de Léonard une tête de jeune femme qui ressemble beaucoup à cette vierge. Il s'agit d'un dessin d'étude exécuté autour de 1504, représentant Léda pour le tableau de "Léda et le cygne". Le peintre Fernando de los Llanos travaillait justement à Florence avec Léonard cette année là. Il se sera surement inspiré du modèle de son maître.
En scrutant le tableau dans tous les sens, on trouve de nombreux dessins cachés qui viennent supporter et enrichir le thème.
LE CHAT
Le peintre avait commencé par peindre un chat dans les bras de l'enfant Jésus (image infrarouge non disponible). Puis il a changé d'avis et l'a remplacé par un agneau. Cependant il n'a pas totalement renoncé à l'idée d'un chat. Un tête de chaton est esquissée derrière les coquelicots.
Le coquelicot est porteur de symbole chez les chrétiens. On dit que c'est une goutte du sang du Christ qui lors de la crucifixion tomba sur une fleur qui devint rouge. Le chat lui est le symbole du démon. Le sang du christ vient ici s'interposer devant le mal.
LE BATEAU
Un bateau bleu avec des voiles blanches et transparentes se dessine dans les vêtements de Marie. Le bateau est un symbole chrétien souvent associé à la vierge qui représente le vaisseau mystique ayant apporté l'enfant Jésus sur terre.
LE SPECTRE DE LA VIERGE
En inclinant la tête, dans le ciel en haut à droite, la forme d'un personnage portant une capuche et une longue cape a été dessinée dans les nuages. Peut-être une apparition de la vierge ?
UNE TÊTE DANS LES ROCHERS
En face de cette apparition, un visage dessiné dans les rochers, regarde en direction de ce spectre. La partie droite d'un tableau étant généralement consacrée au futur, il s'agit peut-être d'évoquer le rôle de la vierge une fois sa vie terrestre terminée (les apparitions de la vierge).
LE THEME DE L'AGNEAU
L'enfant serre l'agneau dans ses bras. Cet animal, symbole du sacrifice, évoque la future crucifixion de Jésus.
Regardons de nouveau le tableau à l'envers. On observe cette fois, dans les rochers bordant la rivière, deux têtes d'agneaux savamment constituées de pierres érodées.
Dans le coin inférieur gauche du tableau, en inclinant la tête, on tombe de nouveau sur un tête de mouton.
L'évocation de l'agneau se retrouve jusque dans la texture des arbustes et des buissons. Le feuillage prend l'apparence d'une laine de mouton, tout comme les cheveux bouclés de l'enfant.
Une sorte d'oiseau.
Comme la figure de proue d'un bateau sur la coiffe de la Vierge (rotation 180°), le buste d'une femme en rouge se détache sur le ciel bleu.
En baissant la luminosité de l'image (rotation 180°), une tête d'oiseau blanc apparait, le bec touchant presque le visage de l'enfant.
LES PLANTES
L'hellebore noire, est une plante autrement appelée rose de Noël car elle fleurit l'hiver. Une légende chrétienne raconte qu'une jeune bergère qui gardait ses moutons durant l’hiver, vit passer une riche caravane. Il s’agissait des Rois Mages, les bras chargés de cadeaux, qui se rendaient auprès de l’enfant Jésus pour célébrer sa naissance. Face à cette profusion de cadeaux, la pauvre bergère se sentit démunie, n’ayant rien à offrir. Un ange ayant pitié d’elle, transforma ses larmes qui tombaient dans la neige en une ravissante fleur : la rose de Noël était née ! Elle est depuis le symbole de la naissance de Jésus.
On dit aussi qu'elle éloigne les démons.
A droite de la vierge un bel acacia symbolise l'immortalité et la renaissance. L'arche d'alliance fut construite en bois acacia plaqué d'or.
Ce tableau présente une structure assez proche du style de Léonard. La vierge tenant l'enfant sur ses genoux qui tient lui même l'agneau dans ses bras rappelle la composition de la Sainte Anne trinitaire. Le visage de la vierge est fortement inspiré des dessins de Léonard. Le paysage, comme souvent dans les oeuvres de Léonard, est riche en symboles qui contribuent à enrichir le thème principal. Il s'agit ici de l'agneau, du sacrifice et de la résurrection de Jésus pour sauver l'humanité du mal. Il est fort probable que Fernando de los Llanos ait bénéficié de l'aide du maître Da Vinci dans la réalisation de ce très beau tableau riche en évocations.