Raphaël peint cette représentation de Sainte Catherine d'Alexandrie après un séjour de quatre ans passés à Florence où il côtoie notamment Léonard de Vinci qui travaille entre autre sur Léda, Sainte Anne, la Joconde, et la bataille d'Anghiari. Comme nous allons le voir dans cette étude, pour la première fois Raphaël intègre de nombreux dessins cachés et symboles dans un tableau à la manière de Léonard. Beaucoup d'entre eux rappellent étrangement ceux que l'on trouve dans la Joconde, renforçant l'idée que le portrait de Mona Lisa est en fait une représentation de Sainte Catherine d'Alexandrie.
LE CERF
Le cerf est le symbole du Christ et Sainte Catherine a dédié sa vie au Christ. Comme dans la Joconde et la Madone Benois de Léonard, il faut retourner le tableau à l'envers pour observer le dessin du cerf sur la robe du personnage..
Le cerf sur la Joconde à gauche et celui de la Madone Benois à droite.
LA ROUE DE TORTURE
La roue présentée par Raphaël n'est pas vraiment une roue de torture avec des crochets en fer comme on le voit dans les représentations classiques de Sainte Catherine. Il s'agit d'une roue de charrette assez classique. Seul le rouge du tissu évoque le sang des blessures de la sainte.
Evocation de la roue de torture par le siège semi-circulaire à balustres dans la Joconde du Prado (atelier de Léonard). Le personnage appuie son bras sur l'accoudoir circulaire comme Catherine appuie le sien sur la roue en bois verticale dans le tableau de Raphaël.
L'AUREOLE ET LE VOILE
L'auréole de sainteté est très discrètement tracée avec un fin trait doré à peine visible. Elle porte un voile transparent sur la tête symbolisant son mariage mystique avec le Christ. Ce voile retombe sur son épaule gauche et sa poitrine comme dans la Joconde de Léonard.
LA PALME DU MARTYRE
Le voile transparent qui part de la taille en remontant vers l'épaule gauche évoque la palme du martyre comme dans la Joconde.
Comparaison de l'évocation de la palme et du voile avec la Joconde du Louvre à gauche et du Prado à droite.
LA COLOMBE
Attribut habituel de Sainte Catherine, la colombe fut envoyée par le Christ pour nourrir la sainte lorsqu'elle était en prison. Le dessin de l'oiseau est très léger ce qui le rend difficilement perceptible. Il se confond avec les nuages. Une volonté de l'artiste de mettre au second plan les attributs de la sainte dans le style de Léonard.
La forme d'une colombe, tête en bas, se reflète par la clarté de la lumière sur le visage de Mona Lisa, donnant du reste à son visage une forme un peu étrange au niveau des yeux. Léonard place la tête de l'oiseau sur la bouche de Sainte Catherine puisqu'elle a pour mission de nourrir la sainte.
LE LION
Comme dans la Joconde en tournant le tableau de 90° à gauche, on trouve un profil de lion symbole de force et de royauté.
Le lion de la Joconde du Louvre.
L'EPEE
On devine avec difficulté le tracé d'une épée en noir sur le tissu bleu. Cet attribut de Sainte Catherine évoque sa fin tragique par décapitation.
Dans la Joconde du Louvre on trouve également une évocation de l'épée.
POSITION DES MAINS
La position des mains du personnage est assez similaire à celle de la Joconde. La main droite est posée dans la même position et la main gauche fait le geste de retenir un tissu avec les trois premiers doigts, les autres étant repliés.
L'image infrarouge de la Joconde a montré que la main gauche de Mona Lisa retient en fait une couverture posée sur ses genoux avec son index et son majeur légèrement repliés. Cette couverture est devenu imperceptible en raison de la noirceur de la peinture dans cette zone du tableau.
VISAGES DANS LE CIEL
Telles des apparitions fantômes on distingue le contour de visages d'hommes dans le ciel nuageux. Une évocation des savants tués par l'empereur et des païens victimes de l'intervention de l'ange ayant délivré Catherine de sa roue de torture.
Des visages grotesques, dont certains semblent rire.
Peut-être hommage à Léonard, il place le profil d'un vieux barbu dans le ciel.
VISAGES SUR LE SOL
Visage de femme.
VISAGES DANS LES VETEMENTS
Visage d'un vieux sage avec une longue barbe.
Sur la bras gauche du personnage on devine la tête d'un savant portant un turban, comme dans la Joconde.
Ici la tête avec turban, dans la manche gauche de la Joconde du Prado. Celle du Louvre est en trop mauvais état pour y distinguer clairement une tête.
VISAGES DANS LE PAYSAGE
On retrouve des profils de personnages de part et d'autre de la Joconde.
En renversant l'image on observe d'autres personnages.
Sur l'image inversée de la Joconde, on retrouve le profil d'un roi portant une couronne à droite.
AUTOPORTRAIT DE L'ARTISTE ?
Dans la chevelure de Catherine se cache le portrait, certes un peu aplati, d'un personnage portant un chapeau. S'agit-il d'un autoportrait de Raphaël signant ainsi son œuvre ?
On sait qu'à son arrivée à Florence en 1504, le jeune Raphaël entre en contact avec Léonard de Vinci, de trente ans son cadet. Il apprend vite et s'inspire des tableaux du vieux maître.
En 1505 dans sa "Dame à la licorne", Raphaël reprend la mise en scène de la Joconde où le personnage est assis devant le parapet d'un balcon à colonnes, donnant sur un vaste paysage.
Il s'inspire probablement de la pose de Léda, dans le tableau de Léonard "Léda et le cygne", pour donner à sa Sainte Catherine du mouvement et une posture plus glamour que sa Dame à la Licorne..
Comme Léonard dans la Joconde, il rend les attributs de Sainte Catherine plus discrets : une auréole très fine, une colombe se confondant avec les nuages, une roue classique sans crochets, une simple évocation de la palme par un voile transparent, le dessin tout juste perceptible de l'épée sur le tissu de la robe et les multiples visages de personnages (savants, païens, roi, reine) cachés dans le ciel, le paysage et les vêtements.
Ce tableau est une véritable réussite. Raphaël y démontre qu'il est capable d'intégrer à sa peinture des symboles et dessins cachés complexes avec une grande finesse d'exécution à la manière de Léonard. Il représente Sainte Catherine en mouvement, à l'instant où elle tourne son regard vers le ciel, comme en extase devant le Christ, tout en exprimant par sa posture et la beauté de ses traits une extrême féminité. Dans l'esprit des tableaux religieux de Léonard, il met en avant l'humanité du personnage et cache les attributs traditionnels dans le paysage et les vêtements.
Sans la roue sur laquelle elle s'appuie, nous aurions été bien en peine d'identifier le thème du tableau. Léonard a franchi le pas avec la Joconde. Sa roue symbolisée par le siège sur lequel Catherine est assise, est trop bien cachée, laissant planer un grand mystère sur le thème de son chef d'œuvre.
Les similitudes avec la Joconde laissent peu de doute sur le fait que Raphaël savait que le portrait que l'on nomme aujourd'hui La Joconde ou Mona Lisa représente une Sainte Catherine d'Alexandrie.